Conseil Métropolitain du 27 Mai 2021, Intervention d'Anthony CIVETTINI sur le compte administratif

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Conseil Métropolitain du 27 Mai 2021, Intervention d'Anthony CIVETTINI sur le compte administratif

Monsieur le président, chers collègues,

Il serait malhonnête d’affirmer que les finances métropolitaines sont malsaines.

Tous les ratios du compte administratif attestent du contraire : la durée de désendettement, la dette par habitant, la capacité d’autofinancement.

Les collectivités dans leur ensemble, et les intercommunalités en particulier, sont bien malmenées par l’État.

Ça incite à la prudence. Si l’on se place d’un point de vue administratif et comptable, vos choix de gestion ont été raisonnables.

Mais, naturellement, ce compte administratif est la traduction financière des orientations politiques qui sont celles de la majorité de cette assemblée et de la totalité de nos douze communes. C’est ainsi. C’est la volonté populaire des 450.000 habitants de notre métropole.

La loi électorale fait toutefois une place aux minorités de ceux de nos conseils municipaux qui comptent suffisamment de délégués pour qu’elles y soient représentées.

Les gauches du « Grand Toulon » ne pèsent pas grand-chose au conseil métropolitain. Mais elles sont présentes. Et elles le sont pour porter la parole des citoyens qui ont voté pour elles dans nos communes, même s’ils sont partout minoritaires.

C’est pourquoi vous comprendrez que, au nom de ceux qui nous ont fait confiance, je dois porter une voix discordante de celle de votre majorité et de celle de l’extrême-droite.

Il est des sujets sur lesquels notre électorat aurait souhaité des orientations différentes. C’est la démocratie à laquelle je vous sais attaché qui commande donc que je les exprime.

Je suis élu d’une commune populaire abritant des quartiers fragiles. Je connais les engagements que vous avez pris avec son ancien maire.

Vous les avez concrétisés pour la politique de la ville et la rénovation urbaine de son grand ensemble d’habitat social et de son centre ancien dégradé.

Les choses sont en route. L’actuelle première magistrate n’a pas à s’en plaindre.

La ville dont vous êtes le maire en bénéficie aussi.

Mais il reste des sites où l’intervention publique est difficile. C’est en particulier du fait qu’il est complexe d’intervenir sur d’importantes copropriétés dégradées, comme à Sainte-Musse ou à Pontcarral.

Cependant nous aurions aimé que, dans le même élan de solidarité territoriale, les projets urbains avancent aussi en faveur des populations qui y résident, comme ce fut le cas à Berthe, et comme ça l’est pour le centre-ville de Toulon et, désormais, celui de La Seyne.

Ça vaut aussi pour d’autres quartiers qui, de par la loi, ne peuvent pas bénéficier du programme du NPNRU, comme à Hyères, à La Valette et certains petits quartiers HLM de Toulon et La Seyne. Mais la métropole pourrait y intervenir en accompagnement, bien sûr dans le cadre de ses moyens.

Vous le savez, nous n’avons pas non plus la même approche en ce qui concerne le logement social.

Je ne nie pas les difficultés que rencontrent certaines communes à atteindre les objectifs de 25 % que la loi impose à chacune. Mais force est de reconnaître que nous sommes collectivement loin du compte.

Nous souhaitons pour notre part que la métropole, avec chacune des onze communes contraintes, conduise une politique plus offensive.

Il faut rattraper notre retard. Il y a des milliers de familles qui sont en attente d’un logement accessible. Et l’effort d’accueil doit être partagé de façon équitable par l’ensemble du territoire.

En matière de transports collectifs publics, nous comprenons les réticences du maire de Toulon que vous êtes à entreprendre le grand chantier structurant d’un transport en commun en site propre sous la forme d’un tramway.

Mais nous pensons qu’il demeure indispensable. Nous aurions souhaité et souhaitons l’accélération de cette ligne structurante, de La Garde à La Seyne, quel que soit le mode que vous retiendrez.

C’est long, très long, trop long.

Il en est de même, et ce n’est pas le maire de Saint-Mandrier qui me contredira, du développement des dessertes par bateaux-bus.

Notre configuration géographique exceptionnelle autour de la Rade nous le permet.

4 nouvelles lignes maritimes étaient prévues pour 2017. Or on n’a pas avancé depuis cette annonce.

Nous sommes conscients des freins occasionnés par les directives européennes nous ayant contraints à investir pour le remplacement de notre flotte de bateaux.

Mais notre bonne situation financière peut nous permettre d’engager des programmes d’investissement ambitieux. Nous pouvons sans risque souscrire des emprunts.

Je pourrais aussi évoquer les orientations en matière de choix de gestion de l’adduction de l’eau potable.

Vous le savez, nous sommes attachés à un service public plutôt qu’à une délégation aux entreprises privées. Or il ne semble pas que l’on s’y oriente pour l’instant.

J’ai cité ces quelques exemples pour illustrer quelques divergences de vues résultant de la diversité de nos sensibilités et de celles de nos concitoyens.

Je le répète, même s’ils sont minoritaires dans notre métropole, nos concitoyens qui font confiance à la gauche attendent des élus qui les représentent ici qu’ils jouent leurs rôles de porte-parole. C’est ce à quoi je m’emploie par cette intervention.

En résumé, votre compte administratif confirme la prudence et le sérieux qui est le vôtre dans la gestion.

Il traduit la cohérence entre les choix majoritaires et les actes posés. Mais nous ne partageons pas, ou pas totalement, certains de ces choix.

C’est pourquoi vous n’interprèterez pas notre vote d’opposition comme un refus de donner quitus à une mauvaise gestion,

Mais comme un acte de cohérence avec les orientations qui auraient été celles de notre métropole si nous y étions majoritaires.

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