Rendre à César 3/6
Qu’il est loin le temps des petites plages, remblayées aux XVIIIe et XIXe siècles, pour édifier la caserne des douanes, la place Ledru-Rollin, l’esplanade Aristide Briand et… un parking.
Préserver l’air que l’on respire : Le tout-voiture n’en avait cure
Au début du XXIe siècle, les automobilistes pouvaient compter sur le parking des Esplageolles pour se garer en entrée de ville. La voiture était reine et peu se préoccupaient de la pollution de l’air et de la santé des urbain. Ils réaliseront plus tard qu’ils étouffaient à petit feu. Limiter la pollution de l’air, renverser les hiérarchies des mobilités n’était pas vraiment d’actualité en ces lieux.
Il apparaissait évident que stationnement et vitalité commerciale étaient liés
La qualité de vie en ville tenait pour beaucoup à sa vitalité commerciale et économique et donc à un accès immédiat et permanent au stationnement des voitures. Bien vivre en ville signifiait consommer en ville et, pour bien consommer, il fallait prioritairement garer sa voiture. Il suffit pour illustrer ce propos de regarder la taille des parkings dédiés aux grandes surfaces de la périphérie et leur développement.
... donc, construire un parking
L’objectif de dynamique économique motive alors la décision de la municipalité d’Arthur Paecht de réaliser en délégation de service public un parking en silo de 425 places aux Esplageolles, de rénover le parking Martini, d’assurer la gestion de toutes les places de stationnement de surface. Nous sommes en 2004.
Trois années de procédures plus tard, le stationnement est délégué à une société privée, Q-Park, pour 32 ans, et la fin de la gratuité, partout, est annoncée. Au conseil municipal, Nathalie Bicais juge la délégation de service public excessive, Marc Vuillemot se positionne contre.
Un chantier qui tarde et s’arrête brutalement
En janvier 2008, les travaux de rénovation du parking Martini débutent ; un an plus tard, le démarrage des travaux du parking des Esplageolles est imminent. Le site est clôturé. La livraison prévue pour juillet 2010.
Août 2009, les travaux sont stoppés, sans préavis, par Q-Park, la grue est démontée. Le maire, Marc Vuillemot, élu en mars 2008, fait dresser un constat d’huissier de la situation, les négociations avec Q-Park sont suspendues.
Gratuité rétablie, concertation participative
La ville souhaite un tarif préférentiel pour ceux qui travaillent au centre-ville et demande une vraie deuxième heure gratuite, les parents d’élèves des écoles Martini et Anatole-France réclament un tarif spécifique pour aller chercher les enfants à l’école, les commerçants dénoncent le projet qui n’avantage ni les commerces, ni les clients. Septembre 2009, les négociations reprennent. Q-Park, n’en est pas à un coup d’essai. Une procédure de résiliation anticipée de délégation de service public est lancée par la ville de Paris, pour défaut d’engagement de travaux…
Août 2010, la délégation de service public est résiliée. La Ville versera à Q-Park le montant des dépenses engagées : 3 millions d’euro ( 1 millions pour la rénovation de Martini, 2 Millions pour les travaux réalisés sur les Esplageolles notamment les fondations). Le parking Martini est rénové, un comité des usagers est mis en place, les stationnements de surface restent gratuits et sont organisés en zones bleue et rouge.
La ville reprend la main, cherche des partenariats institutionnels
il reste à trouver les fonds pour terminer le parking des Esplageolles. Quelques places sont aménagées. Des partenariats sont recherchés pour trouver les 10 millions nécessaires à l’aménagement du site. Une partie du terrain est vendu à Pôle Emploi qui gagne à venir s’installer en cœur de ville, la Ville obtient de TPM le classement du site en parking relais, une discussion s’engage avec la Chambre de Commerce et d’Industrie du Var, la Ville intègre le projet dans le dossier déposé au titre du Programme de Rénovation Urbaine 2.
Première réalisation, Pôle Emploi; amorce d’un nouveau projet
Avril 2014, le chantier de Pôle Emploi démarre, TPM s’engage à participer à hauteur de 2,7 millions d’euro, la Région, 1 million d’euro, l’obtention de fonds de l’Etat est nécessaire, mais le PRU 2 sera retoqué… En attendant, un marché est re-signé avec l’architecte, un nouveau permis est déposé et étudié, la Ville fait procéder aux études préalables et travaille à un nouveau projet : dans un premier temps, une étude est réalisée par les services pour réaliser une dalle simple sur les fondations existantes afin d’augmenter le nombre de places de stationnement : Coût estimé 300 000 euro, mais sans obérer les travaux déjà effectués sans quoi les dépenses déjà payés seront imputés en fonctionnement.
Les besoins évoluent, le projet intègre une maison médicale, des commerces, un Sky-bar...
Les temps changent, au manque de stationnement supposé sont venues s’ajouter les difficultés des professions médicales à maintenir leur activité en centre- ville, la plupart des cabinets médicaux ne répondent plus aux normes d’accessibilité en vigueur, les médecins souhaitant faire valoir leurs droits à la retraite ne trouvent pas de remplaçants, la lutte contre la désertification médicale doit être engagée, les nouveaux médecins s’installent en périphérie dans des maisons médicales accessibles, l’entrée de ville souffre d’une image dégradée. De nombreuses réunions ont lieu pour étudier les projets soumis à la municipalité sur le site. Le projet s’affine : construction d’une maison médicale avec stationnement, commerces et sky-bar avec vue sur la Rade.
Un investisseur présente un projet conforme aux attentes.
Le projet est retenu, voté en conseil municipal en 2018. Malheureusement, l’investisseur décède brutalement et le projet est stoppé. Contact est pris avec les héritiers fin 2019. Le cas échéant, la ville recherchera un nouvel opérateur.
Aujourd’hui, des travaux mais quid du projet ?
La nouvelle municipalité recrée du stationnement en surface. L’entrée de ville est aménagée, c’est une bonne chose. Cependant, le devenir du projet d’aménagement global (création d’une maison de santé et stationnements afférents, commerces et sky-bar) reste dans le flou. Nul ne conteste les besoins des professions médicales, l’attente des patients est réelle, la création d’un équipement structurant en entrée de ville tout autant. Alors que la plupart des villes s’engagent aujourd’hui, et à juste titre du point de vue de la qualité de l’air et de la vie urbaine, dans la réduction de la place de la voiture, nous espérons que les travaux engagés sont transitoires dans l’attente de ces réalisations, d’autant que Nathalie Bicais et Jean-Pierre Colin, en 2018, affirmaient dans Var-Matin être à l’origine du projet d’aménagement voté en conseil municipal...